Les acteurs de l’économie numérique locale azuréens sont regroupés depuis juin 2014 autour d’un label : La French Tech Côte d’Azur. Son ambition : faire de ce territoire un gigantesque accélérateur de start-up. Présentation de cette initiative fédératrice avec Éric Léandri, Directeur Général de Qwant, et Co-Président de la French Tech Côte d’Azur.


Comment se situe la concentration en entreprises technologiques sur notre territoire par rapport à la moyenne européenne ?

Au niveau national, il est encore un peu tôt pour parler de « start-up nation », mais l’écosystème évolue rapidement d’une année sur l’autre. Une progression à la courbe positive et qui vient petit à petit gagner du terrain sur nos voisins européens. Plus probants, tous les signaux sont au vert pour que cette courbe continue son ascension.

Sur le territoire azuréen, le constat est le même et le nombre d’acteurs qui se fédèrent atteste d’une adhésion massive favorisant l’agglomération en renforçant la dimension communautaire du tissu entrepreneurial.

Le seul territoire en Europe, avec Munich, qui dispose d’une masse critique équivalente d’entreprises technologiques à très forte valeur ajoutée, de niveau international.


D’où vient un tel dynamisme ?

C’est grâce aux efforts de chacun des acteurs que les choses avancent. Il y a une prise de conscience en France sur le potentiel que représente l’écosystème numérique. Les initiatives comme la French Tech offrent une voix à des start-up qui, à défaut, n’auraient pas forcément les moyens de se faire entendre.

Cause à effet, l’investissement progresse. A titre d’exemple, la France a conclu cette année 97 deals d’investissement, quand le Royaume-Uni, qui dispose encore d’une longueur d’avance sur la culture des écosystèmes de start-up, a, de son côté, conclu 86 investissements. Toutefois,les montants ne sont pas encore les mêmes. Pour le moment, les chiffres jouent en faveur du Royaume-Uni et d’Israël qui bénéficient d’investissements aux montants supérieurs aux nôtres.

Mais ce n’est pas une mauvaise chose, la tendance en France évolue positivement avec une vraie prise de conscience culturelle et politique. D’autant que, si les montants sont moins importants, ils contribuent bien souvent à une phase critique qu’est l’investissement d’amorçage.

 

L’objectif de notre feuille de route est de créer chaque année 50 start-up de bon niveau et d’avoir 10 champions à l’international d’ici 10 ans.

 

Quels sont les objectifs en termes de création de start-up dans les prochaines années ?

Aujourd’hui, la French Tech Côte d’Azur compte dans ses rangs 1.684 entreprises, générant près de 23.000 emplois et 4,2 milliards d’euros de Chiffre d’Affaires, dont 338 start-ups qui ont levé 144 millions d’euros depuis 2015. L’objectif de notre feuille de route est de créer chaque année 50 start-up de bon niveau et d’avoir 10 champions à l’international d’ici 10 ans. Des entreprises capables de tirer leur épingle du jeu, y compris face aux géants du Net.

 

La Côte d’Azur offre-t-elle un terreau propice pour permettre l’éclosion de ces jeunes pousses ?

La cross fertilisation entre Sophia Antipolis (technopole de référence du numérique) et Nice Côte d’Azur (territoire d’expérimentation de la smart city) a permis l’éclosion d’un grand nombre de start-up. Ces dernières peuvent compter sur des structures d’accompagnement nombreuses et complémentaires, en commençant par les incubateurs tels que l’Incubateur Paca Est présent sur Nice, Sophia, Cannes et Toulon. On pourrait également citer les Incubateurs Telecom Paris Tech et Skema.

Les start-up peuvent bénéficier ici de nombreuses prestations. Par exemple, le Centre Européen d’Entreprise Innovante de la Métropole Nice Cote d’Azur et le Business Pôle de la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis proposent des hébergements en pépinière et hôtels d’entreprise aux jeunes pousses entrepreneuriales, ainsi que la Bastide Rouge à Cannes. De nombreux autres espaces de co-working émaillent ainsi une grande partie du territoire.

Trois accélérateurs locaux offrent également leurs services à ces start-up : Business Accelerator 06, l’accélérateur Allianz sur Nice ainsi que l’accélérateur Vinci sur Cannes Mandelieu.

Les investisseurs sont également présents. Il faut noter le parcours de deux start-up locales, VuLog et Wever, toutes deux dans la e-mobilité et issues de l’enseignement supérieur, qui sont passées en incubation puis en accélération avec levée de fonds auprès des multiples business angels locaux.

Il existe beaucoup d’autres initiatives qui voient le jour sur le territoire, avec pour ambition de repenser l’expérience dans de nombreux secteurs, du tourisme à la e-santé, en passant par l’économie, la mobilité ou encore l’éducation. Cela contribue à apporter une nouvelle visibilité et une dynamique d’envergure pour la Côte d’Azur.

L’implantation locale des structures d’aide à l’entrepreneuriat par le Crédit Agricole, la Caisse d’Épargne ou Allianz est également un signal fort. Cela montre leur foi dans le caractère innovant et dans le potentiel du territoire.

Un autre aspect fondamental pour la création et la survie des jeunes pousses est leur immersion dans les réseaux associatifs via la CCI Nice Côte d’Azur, le Pôle de Compétitivité Solutions Communicantes Sécurisées ou l’association Telecom Valley. Cet important tissu entrepreneurial peut également bénéficier de lieux d’expérimentation et d’usage dans les cœurs de ville de la Côte d’Azur, les ports et l’aéroport international. Des prototypages techniques leur sont également facilités par l’utilisation des FabLabs de Nice et de Sophia Antipolis.

Enfin, Amadeus, leader mondial du e-Tourisme, basé à Sophia ou encore Orange et IBM promeuvent fortement l’Open innovation avec les PMEs innovantes locales explorant les possibilités technologiques du numérique.


Comment l’accès à l’international leur est-il facilité ?

La Côte d’Azur est naturellement un territoire international. Des événements phares tels qu’Innovative City, Astres, le m-Tourism day et les TEDx viennent souligner l’importante «fertilité numérique» du territoire. De même, la participation des start-up au Mobile World Congress de Barcelone ou l’ITB de Berlin sont de belles opportunités de croissance au-delà de nos frontières.

Au niveau européen, l’installation de l’EIT Digital, programme européen majeur du numérique à Sophia, permet aux start-up une ouverture rapide sur les autres pays et fournit à des étudiants européens un accueil et une formation à l’innovation et l’entrepreneuriat. Il en est de même pour l’ « European Innovation Academy », qui accueille chaque année sur Nice et Sophia-Antipolis plus de 100 étudiants coaches et business Angels de la Silicon Valley et de toute l’Europe.

Dans ce cadre, la French tech Côte d’Azur œuvre à la réunion des forces vives du territoire azuréen afin de dégager des synergies permettant d’aller de l’avant.

Retrouvez l’interview complète dans le livre blanc « La Côte d’Azur, Terre de Digital » téléchargeable gratuitement sur ce blog.

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