Si le joueur brésilien et le Paris Saint-Germain ont alimenté en vain le Mercato durant l’été, le club parisien apparaît comme le grand gagnant de cette absence de compromis. Explications.

Il devait faire les beaux jours du club et lui permettre de remporter la prestigieuse Ligue des champions. Mais deux ans après l’annonce de leur union en grande pompe, le conte de fée est bel et bien terminé entre le Paris-Saint-Germain et Neymar da Silva Santos Júnior.

A défaut d’avoir trouvé les conditions pour un divorce à l’amiable, le club de football de la capitale et son joueur vedette ont finalement opté pour un mariage de raison aux motifs économiques.

En associant sa marque à celle de Neymar, le PSG a réalisé une belle opération de co-branding.

Un mariage presque parfait

En 2017, lorsque le PSG annonce l’achat de Neymar au FC Barcelone pour la somme de 222 millions d’euros, le club parisien pense réaliser une belle opération sportive, économique et médiatique.

Dans le sport moderne, la valeur d’un joueur repose essentiellement sur trois critères : sa valeur Sportive, sa valeur Marketing et sa valeur Temps. Cette approche permet de comprendre le montant record du transfert du brésilien à cette époque.

Alors âgé de 25 ans, sa valeur Temps était à son paroxysme. Sa valeur Sportive également, au vu de ses résultats en club comme en sélection. Et sa valeur Marketing était incontestable. Avec 140 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux , le joueur parisien comptait deux fois plus de fans que l´ensemble des clubs de Ligue 1 réunis. Neymar était donc un formidable produit marketing, une « tête de gondole » qui faisait vendre des maillots, des billets, augmenter les droits télévisuels et assurer des articles quasi quotidiens dans les médias.

Le PSG réalisait également à cette occasion une belle opération de co-branding. En associant sa marque à celle de Neymar, le club boostait sa notoriété et s’ouvrait de nouveaux débouchés commerciaux à l’international. Le PSG entrait dans une nouvelle dimension, en faisant jeu égal avec le Real Madrid, Barcelone ou Manchester United. Un mariage arrangé, certes, mais consenti et qui semblait réunir toutes les composantes d’une union heureuse.

Des dirigeants parisiens prêts à signer l’acte de divorce, mais pas à n’importe quel prix.

Le choix du pire, ou le pire des choix

Mais l’idylle escomptée ne fût pas au rendez-vous. Après deux éliminations précoces en Champions League et deux blessures, le joueur n’a pas caché son souhait de quitter la capitale pour retrouver le club catalan.

Par son comportement durant ses deux saisons sous le maillot parisien, le joueur aura omis un aspect essentiel de la relation : manifester de l’amour pour son club et ses supporters. Point culminant de cette attitude désinvolte, le joueur ira même jusqu’à confesser que son plus beau souvenir sportif était la fameuse « remontada » contre Paris en 2017. Humilié, c’en était trop pour le PSG, las des infidélités à répétition du jeune prodige de la Seleçao. La rupture était actée.

Les dirigeants parisiens étaient prêts à signer l’acte de divorce, mais pas à n’importe quel prix. Le Qatar, actionnaire du PSG, aurait donné son accord à condition que Paris récupère plus qu’il n’a dépensé, à savoir les 222 millions d’euros versés au Barca.

Mais la valeur marchande de Neymar Jr n’était plus la même qu’au moment de son transfert deux ans plus tôt. A 27 ans, sa valeur Temps s’est effritée. Sa valeur Sportive également, au vu de ses résultats et de ses blessures à répétition. Et sa valeur Marketing a perdu de sa valeur suite à ses écarts de comportement (simulations à répétition sur le terrain, accusation de viol, démêlés avec des supporters…). Il semble qu’aucun club ne puisse (ou ne souhaite) s’offrir dorénavant les services de la star auriverde pour une telle somme. Pas même son ex-club catalan, qui n’aurait plus les moyens de financer son train de vie. Les dirigeants parisiens se retrouvaient dans une situation complexe, entre le choix du pire (brader son joueur) ou le pire des choix (le retenir contre son gré).

En refusant un compromis financier, les Qataris sont sortis avec intelligence de cette situation par le haut. S’il souhaite quitter la capitale, le joueur devra donner son maximum sous le maillot parisien cette saison et prouver qu’il reste l’un des meilleurs joueurs du monde pour prétendre être cédé au prix exigé par son employeur. Une manœuvre habile, qui oblige Neymar à mouiller le maillot sans compter. La balle est à présent dans le camp du joueur brésilien s’il souhaite s’éloigner de la capitale.

Cette tribune est paru initialement dans Le Cercle Les Echos.

Pensez-vous que Neymar réussira à quitter le PSG à la fin de la saison ?


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