A l’opposé des États-Unis, le classement des plus grandes sociétés françaises ne laisse apparaître aucune entreprise de la nouvelle économie. Mais elles disposent de savoir-faire suffisants dans d’autres domaines pour s’imposer malgré tout à l’international.

Vous connaissez sans doute les GAFA et NATU. Derrière ces acronymes se cachent les entreprises mondiales les plus en vue (Google, Apple, Facebook, Amazon, Netflix, Airbnb, Tesla et Uber). Leur point commun ? Elles sont toutes américaines. Nos voisins d’outre-Atlantique, pragmatiques, ont bien saisi les opportunités liées à la nouvelle économie numérique.

Aux USA, ils ont les GAFA. En France, on a la CNIL !

Un retard français lié à des contraintes culturelles et réglementaires

C’est indéniable, la France accuse un certain retard. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Les USA compte cinq fois plus d’habitants que l’hexagone et un rapport à l’entreprise, à l’argent et au succès bien différent du nôtre ! D’autre part, nos réglementations sur la collecte et la conservation des données, comme la CNIL, auraient difficilement rendu possible la création d’un Google ou Facebook sur notre territoire. A tel point que certaines mauvaises langues disent « aux USA, ils ont les GAFA. En France, on a la CNIL » !

« Mieux vaut mieux demander pardon que demander la permission »

Les GAFA et NATU ont quasiment toutes développé leur business en contournant des règles de confidentialité des données que nous considérons élémentaires. Leur mot d’ordre : « It’s better to ask forgiveness than permission » (il vaut mieux demander pardon que demander la permission). Même si les récents déboires de Facebook ou d’Uber ont montré la limite de cette démarche, elle leur a permise de s’imposer en quelques années comme les leaders de leur secteur. Et tant pis pour les autres entreprises qui auront attendu d’avoir la permission avant d’agir.

La France n’a pas su adapter son cadre réglementaire et législatif pour fournir le terreau nécessaire à la création de licornes. Les initiatives de la French Tech ou d’entrepreneurs comme Xavier Niel avec la Station F vont dans le bon sens, mais le retard pris est si important qu’il sera difficile à court-terme de se hisser au niveau des « BATX » chinois (pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) pour espérer challenger les leaders américains.

Les pépites françaises (Bla Bla Car, criteo…) font plutôt figure d’exceptions qui confirment la règle

L’avantage comparatif, une théorie qui reste d’actualité

Rédigée au XIXème siècle, la théorie de l’avantage comparatif de l’économiste David Ricardo explique que les pays doivent se spécialiser dans les secteurs pour lesquels ils disposent d’une plus grande valeur ajoutée. Inutile donc pour un pays d’Europe du nord de se spécialiser dans le photovoltaïque alors que le soleil se couche dès 14H. Plutôt se concentrer sur des industries où leur avantage est évident, comme celles du bois ou de la pêche.

Concernant la France, nous pourrions citer l’industrie du luxe, où notre pays positionne 3 entreprises dans le Top 10 mondial : LVMH, Kering et L’Oréal. La France représente d’ailleurs près d’un quart des ventes des 100 premiers groupes mondiaux de ce secteur, indique le rapport Global Powers of Luxury Goods 2017 du cabinet Deloitte.

La France dispose donc de champions à l’international, essentiellement dans des pans de ce qu’il convient d’appeler l’ancienne économie. Elle dispose bien de quelques licornes ou pépites (Bla Bla Car, criteo…), mais elles font plutôt figure d’exceptions qui confirment la règle.

En France, on n’a pas de GAFA mais on a des idées !

Après les GAFA, voici les PAREO françaises

Quelles sont les entreprises françaises les plus fortes ? Le classement national VERIF – BFM TV dresse la liste suivante : 1) PSA Automobiles 2) Airbus 3) Renault 4) EDF 5) Orange.

Nos champions peuvent donc être regroupés sous les initiales de PAREO. Un acronyme qui sonne plutôt bien pour un pays numéro 1 mondial du tourisme.

En attendant de pouvoir un jour combattre à armes égales, les PAREO et les autres entreprises françaises doivent lutter en misant sur leurs avantages, leurs forces et leurs spécificités. Nos plus grandes entreprises ne sont pas « digital centrics » ? Tant pis. Elles disposent de savoir-faire évidents dans d’autres domaines et doivent amener leurs concurrents à venir se battre sur leur propre terrain de prédilection, là où se situent leur avantage comparatif.

Mais attention toutefois à ne pas raisonner en circuit fermé. L’économie numérique étant devenue incontournable, elles devront l’intégrer dans leur offre afin de répondre aux attentes de consommateurs demandeurs de produits/services innovants et connectés.

A l’ère de l’économie digitale, de profondes réformes structurelles et culturelles seraient à mettre en place afin de permettre l’éclosion de futures licornes « Made in France ». Mais loin d’être relégué, notre pays dispose de nombreux talents à faire valoir et d’une créativité qui nous permet de dire qu’en France, on n’a pas de GAFA mais on a des idées ! Nos entreprises sont décidément loin d’avoir dit leur dernier mot.

Write A Comment