Il existe 91 entreprises numériques non cotées valorisées à plus d’1 milliard d’euros aux Etats-Unis, contre 1 seule en France. Ce chiffre insoutenable (pour qui se veut « patriote économique ») montre à quel point il est temps de libérer les énergies créatrices de notre pays !
1. Les Etats-Unis, 1er producteur mondial de « Licornes »
Grâce à sa levée de fonds de 200 millions de dollars en septembre dernier, l’entreprise française Blablacar est entré dans le cercle restreint des « licornes ». Ce terme désigne, de façon imagée, une start-up nouvelle technologie, non cotée en Bourse, dont la valorisation dépasse le milliard de dollars.
On compte à ce jour 144 licornes dans le monde. Une liste qui est mise à jour en temps réel sur le site de CB Insights. Le leader de ce classement est, sans surprise, l’américain Uber.
Dans le détail, on trouve 91 entreprises américaines, 24 chinoises et 15 européennes. Parmi celles-ci, une seule française. Deux autres entreprises de l’hexagone auraient pu intégrer ce classement, mais Vente Privée a depuis longtemps dépassé le stade de la start-up, et Criteo est cotée sur le Nasdaq depuis 2013.
La sous-représentation d’une grande puissance économique comme la France montre que notre pays a besoin de réformes ambitieuses pour passer de l’économie Fordiste à l’économie numérique.
2. La nécessité d’une transition numérique en France
Aucun doute, la France a les atouts pour lancer de futurs champions de la nouvelle économie. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si le géant américain Cisco vient de doubler son investissement en France, comme l’a expliqué son patron John Chambers.
« J’ai l’impression de voir la Silicon Valley en France ! »
John Chambers, patron de Cisco.
Mais certains freins doivent être levés. Et cela passera essentiellement par une véritable transition numérique, qui doit être à la fois structurelle et culturelle.
Une transition structurelle
Dans son ouvrage « la richesse des nations après la révolution numérique » publié par le Think Tank « Terra Nova« , Nicolas Colin appelle à une transition numérique ambitieuse, et propose 3 axes de changements :
- Rééquilibrer les financements des entreprises, en réduisant la part du crédit bancaire et en privilégiant le capital-risque,
- Modifier la réglementation, afin de permettre le développement des nouveaux modèles d’affaires,
- Adapter la protection sociale française, afin de mieux couvrir et protéger les acteurs de la nouvelle économie.
Ces trois propositions permettront le développement de nouveaux business, tout en réduisant la prise de risques des créateurs d’entreprises.
Une transition culturelle
Mais si cette transition doit avoir lieu dans les faits, elle doit aussi avoir lieu dans les têtes.
En effet, si les Etats-unis représentent 6 licornes sur 10, c’est aussi parce que l’Entrepreneuriat est une Valeur et non un gros mot, que la création d’entreprise est facilitée et que le capital-risque est largement répandu.
Or, c’est exactement l’inverse dans notre pays. La mise en place du label FrenchTech est un premier pas. Le statut d’auto-entrepreneur est également un facilitateur. Mais la création d’une start-up relève encore du parcours du combattant, alors qu’il est facile de créer une start-up à Lisbonne en 48 heures.
« Des pans entiers de l’économie (taxis, avocats, hôteliers, auto-écoles…) se mobilisent pour empêcher l’épanouissement des innovations de rupture et retarder la remise à plat de nos institutions. C’est pour ces raisons que la France se trouve aujourd’hui dans une impasse. »
Nicolas Colin
Enfin, dernier point, les pouvoirs publics ne doivent pas bloquer ces nouveaux modèles économiques. Rappelons-nous les quiproquos autour de la vente de Daily Motion, ou encore l’intervention du Gouvernement dans la fronde anti-Uber. Tout ceci crée un climat négatif qui encourage les différents acteurs à empêcher la transition vers les nouveaux modèles issus de l’économie numérique.
On n’arrête pas un véhicule lancé à toute vitesse en se mettant au travers de sa route !
Les pouvoirs publics n’ont pas la capacité, à eux-seuls, de freiner les nouveaux business-models de la révolution digitale. Au lieu d’essayer de nager à contre-courant, il apparaît plus que nécessaire aujourd’hui de s’adapter afin d’aider les entreprises françaises à prendre leur part du gâteau numérique.
Il faut l’admettre, la France ne fait pas partie aujourd’hui des grandes puissances de l’économie digitale. Une révolution structurelle et culturelle profonde est donc nécessaire pour créer un environnement propice aux affaires et faciliter l’éclosion des futures licornes made in France.
Pensez-vous que notre pays en sera capable ?