Les États-Unis comptent plus de 100 startup « licornes », contre seulement 2 en France. Ce chiffre insoutenable (pour qui se veut patriote économique) montre à quel point il est temps de libérer les énergies créatrices de notre pays !

Notre pays a besoin de réformes ambitieuses pour passer de l’économie Fordiste à l’économie numérique.

Les États-Unis, 1er producteur mondial de « licornes »

Grâce à sa levée de fonds de 200 millions de dollars en septembre 2015, l’entreprise française Blablacar est entrée dans le cercle restreint des « licornes ». Ce terme désigne, de façon imagée, les start-up nouvelles technologies, non cotées en Bourse, dont la valorisation dépasse le milliard de dollars.

À ce jour, on compte 211 licornes dans le monde selon la liste actualisée en temps réel sur le site de CB Insights. Le leader de ce classement est, sans surprise, l’américain Uber (valorisé à 68 milliards de $).

Dans le détail, on trouve 103 entreprises américaines, 69 chinoises et 21 européennes. Seules 2 françaises figurent à ce palmarès : BlaBlaCar et OVH. Deux autres entreprises de l’hexagone auraient pu intégrer ce classement, mais Vente Privée a depuis longtemps dépassé le stade de la start-up, et Criteo est cotée sur le Nasdaq depuis 2013.

La sous-représentation d’une grande puissance économique comme la France montre que notre pays a besoin de réformes ambitieuses pour passer de l’économie Fordiste à l’économie numérique.

La Californie, sixième puissance économique mondiale, devant la France

La fièvre de l’or est loin d’avoir disparu en Californie ! Si la poussière dorée a été remplacée depuis bien longtemps par l’industrie du cinéma et celle de la hig-tech, le «Sunshine State » n’en reste pas moins un eldorado pour les entrepreneurs en quête de fortune.

Les statistiques du FMI positionnent ainsi l’état emblématique de l’ouest américain comme la sixième puissance mondiale, devant l’Inde et… la France !

Et avec seulement 39.5 M d’habitants (contre 66.8 M dans notre pays), la Californie arbore fièrement des données économiques survitaminées :

  • Un PIB global de 2 700 milliards $ (contre 2 488 milliards en France),
  • Un PIB par habitant de 69 230 $ (contre seulement 37 245 $ en France),
  • Des levées de fonds en capital-risque d’un montant de 24.9 milliards $ (contre 1.7 milliards en France !)
  • 1 484 opérations de capital-risque (contre 310 en France)

Source PMI, US Gouvernement (données 2016).

Chacun est libre ou non d’adhérer au modèle sociétal américain (hérité lui aussi de la conquête de l’ouest américain) basé sur la réussite du plus fort. Mais il est indéniable que la France accuse un sérieux retard sur le terrain économique et en matière d’innovation, comme en témoigne cette infographie parue sur le site Yoomap.fr

infographie start up france usa licorne

 Le dynamisme de la French Tech montre clairement que la France a les atouts pour lancer de futurs champions de la nouvelle économie.

La nécessité d’une transition numérique en France

Mais cessons d’être d’éternels pessimistes. Le dynamisme de la French Tech montre clairement que la France a les atouts pour lancer de futurs champions de la nouvelle économie. Ce n’est pas pour rien si le géant américain Cisco a doublé son investissement en France fin 2015. D’ailleurs, son patron, John Chambers, a déclaré à cette occasion sur Europe 1 : « J’ai l’impression de voir la Silicon Valley en France« . Rien de moins! Mais certains freins ont besoin d’être levés. Et cela passera essentiellement par une véritable transition numérique, qui doit être à la fois structurelle et culturelle.

 

Une transition structurelle

Dans son ouvrage « La richesse des nations après la révolution numérique » publié par le Think Tank « Terra Nova », Nicolas Colin appelle à une transition numérique ambitieuse, et propose 3 axes de changements :

  1. Rééquilibrer les financements des entreprises, en réduisant la part du crédit bancaire et en privilégiant le capital-risque,
  2. Modifier la réglementation, afin de permettre le développement des nouveaux modèles d’affaires,
  3. Adapter la protection sociale française, afin de mieux couvrir et protéger les acteurs de la nouvelle économie.

Ces trois propositions permettront le développement de nouveaux business, tout en réduisant la prise de risques des créateurs d’entreprises.

Un climat négatif encourage les différents acteurs à empêcher la transition vers les nouveaux modèles issus de l’économie numérique.

Une transition culturelle

Mais si cette transition doit avoir lieu dans les faits, elle doit aussi avoir lieu dans les actes. Comme le précise Nicolas Colin:  » Des pans entiers de l’économie (taxis, avocats, hôteliers, auto-écoles…) se mobilisent pour empêcher l’épanouissement des innovations de rupture et retarder la remise à plat de nos institutions. C’est pour ces raisons que la France se trouve aujourd’hui dans une impasse. »

Un combat d’arrière-garde… Car si les États-Unis représentent 1 licornes sur 2, c’est aussi parce que l’Entrepreneuriat est une Valeur (avec un V majuscule) et non un gros mot, que la création d’entreprise est facilitée et que le capital-risque est largement répandu. Or, c’est exactement l’inverse dans notre pays.

La mise en place du label FrenchTech est un premier pas. Le statut d’auto-entrepreneur est également un facilitateur. Mais la création d’une startup relève encore du parcours du combattant, alors qu’il est facile de créer une start-up à Lisbonne en 48 heures.

Au lieu d’essayer de nager à contre-courant, il est nécessaire de s’adapter afin d’aider les entreprises françaises à prendre leur part du gâteau numérique.

Enfin, dernier point, les pouvoirs publics ne doivent pas bloquer ces nouveaux modèles économiques. Rappelons-nous les quiproquos autour de la vente de Daily Motion, ou encore l’intervention du Gouvernement précédent dans la fronde anti-Uber. Tout ceci crée un climat négatif qui encourage les différents acteurs à empêcher la transition vers les nouveaux modèles issus de l’économie numérique.

On n’arrête pas un véhicule lancé à toute vitesse en se mettant au travers de sa route ! Les pouvoirs publics n’ont pas la capacité, à eux seuls, de freiner les nouveaux business models de la révolution digitale. Au lieu d’essayer de nager à contre-courant, il est nécessaire de s’adapter afin d’aider les entreprises françaises à prendre leur part du gâteau numérique.

Il faut l’admettre, la France ne fait pas partie aujourd’hui des grandes puissances de l’économie digitale. Une révolution structurelle et culturelle profonde est donc nécessaire pour créer un environnement propice aux affaires et faciliter l’éclosion des futures licornes made in France. Emmanuel Macron sera également attendu sur ce dossier hautement stratégique pour notre économie.

Cette tribune est parue initialement dans Le Cercle Les Echos.

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