Quel point commun entre la victoire de l’équipe féminine américaine en coupe du monde de football et la taxe GAFA adoptée en France par le Parlement ? Ces deux actualités démontrent l’incapacité des Etats-Unis à tirer profit d’événements majeurs pour influer de manière durable sur les grands enjeux économiques et sociétaux.
L’objectif a été atteint. Par la qualité du spectacle offert, la coupe du monde organisée en France aura permis de consacrer le football féminin comme un sport à part entière auprès d’un large public mixte, intergénérationnel et passionné.
L’engagement des joueuses sur le terrain, mais aussi leur attitude en général, ont redonné à cette discipline ses lettres de noblesse en terme de fair-play et de dépassement de soi. Sans même le savoir, ces jeunes femmes sont devenues les magnifiques ambassadrices du seul sport qui permette de réduire de manière universelle les clivages et les inégalités sociales.
En utilisant leur victoire à des fins politiques, les américaines ont transformé un outil de « soft power » en outil de propagande.
Ne pas se tromper d’adversaire
En remportant cette compétition pour la quatrième fois, l’équipe américaine a montré qu’elle régnait sans partage sur cette discipline. Elle aurait pu utiliser cette victoire, éclatante et incontestable, comme un outil de « soft power » (influence douce) afin de promouvoir le football féminin à une plus large échelle, améliorer la place des femmes dans la société tout en imposant, au passage, l’excellence du modèle américain.
Mais l’attitude des joueuses et leur discours de célébration à New-York ont montré une toute autre facette. Régulièrement taclées pour leur arrogance, plusieurs joueuses – emmenées par leur capitaine Megan Rapinoe – ont profité de cette réussite pour mener une bataille politique contre le président Trump et servir la cause de minorités.
Chacun est libre de mener des combats personnels et défendre les causes qui lui semblent justes. Mais en utilisant leur victoire à des fins politiques, les américaines ont transformé un outil de « soft power » en outil de propagande. Par ce discours clivant, elles ont détourné les débats vers des luttes personnelles et ainsi raté une belle opportunité de s’imposer comme des porte-étendards dans la réduction des inégalités hommes-femmes. Une attitude maladroite qui dessert inévitablement la cause féminine dans le football, mais aussi bien au-delà.
Par cette décision brutale et maladroite, Donald Trump montre qu’il ne respecte que les règles du jeu qui servent les intérêts de son pays.
Les USA hors-jeu sur la taxe GAFA
En économie comme en Soccer, les Etats-Unis dominent le monde. C’est indéniable. Même si la France peut être fière de ses « PAREO« , elle est encore loin d’afficher la même réussite que les « GAFA » sur le terrain économique.
Hasard de l’actualité, la même semaine le Parlement français adoptait la taxe dite GAFA qui impose un prélèvement de 3% sur les revenus générés en France par les sociétés de type Google, Amazon ou Airbnb.
Comme on pouvait s’y attendre, la contre-attaque de Donald Trump fut immédiate, en demandant l’ouverture d’une enquête qui devrait déboucher sur des mesures de rétorsion commerciales contraignantes envers la France.
Là encore, la décision du président américain va à l’encontre de ses propres intérêts. A l’image de leur équipe de football féminine, les entreprises américaines comme Apple, Facebook ou Tesla sont de puissants outils de « soft power » pour démontrer au monde entier la supériorité et l’efficacité d’un modèle économique et sociétal basé sur la liberté, l’esprit d’entreprendre et le dépassement de soi.
Déjà habitué à réagir avant de réfléchir (notamment sur Twitter), Donald Trump montre par cette décision brutale et maladroite qu’il ne respecte que les règles du jeu qui servent les intérêts de son pays. Cette méthode forte (« hard power ») réduit à néant les bénéfices dont il pouvait espérer tirer profit par l’hégémonie des entreprises US sur certains pans de l’économie.
Une façon de se mettre hors-jeu, à l’heure où les Etats-Unis ont besoin de gagner des points dans le combat économique et diplomatique qui les oppose à leur puissant voisin chinois.