Son palmarès, sa niaque et ses qualités managériales font de Yannick Noah, capitaine de l’équipe de France de Tennis, un leader hors-norme. Mais son leadership naturel ne s’arrête pas à la sphère sportive et sa méthode de management pourrait être facilement transposable au monde de l’entreprise.
Alors que débute cette semaine le premier tour de Coupe davis, difficile de prévoir pour le moment si les Bleus soulèveront le saladier d’argent en novembre prochain. Mais les tricolores disposent de deux atouts majeurs pour parvenir à cet objectif : des joueurs talentueux et un capitaine emblématique, Yannick Noah.
Ses qualités et son palmarès impressionnant font de Noah le dernier Mousquetaire du tennis français. C’est sous ce nom chevaleresque que les quatre tennismen français René Lacoste, Henri Cochet, Jean Borota et Jacques Brugnon ont mis fin, en 1927, à l’ultra-domination américaine en Coupe Davis.
Si d’autres personnalités de la sphère tennistique seraient également légitimes à ce poste, son aura et sa culture de la gagne sont des atouts incontestables pour conduire le team France vers une nouvelle victoire historique.
Le tennisman français le plus titré avec 39 trophées, soit autant à lui seul que les 4 premiers joueurs français actuels.
Des titres à foison
Si la mémoire collective a surtout retenu sa victoire à Roland-Garros en 1983, le dernier vainqueur français, chez les hommes, d’un tournoi du Grand Chelem dispose d’un palmarès long comme son coup droit.
Vingt-six ans après la fin de sa carrière, le chanteur de « Saga Africa » reste à ce jour le tennisman français le plus titré avec 39 trophées, dont 23 en simple et 16 en double. Soit autant que les quatre premiers joueurs français actuels réunis (Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Lucas Pouille et Richard Gasquet).
Son expérience du haut niveau et surtout de la victoire en compétition lui donne la légitimité nécessaire pour ce poste. Un manager peut ainsi s’appuyer sur les réussites acquises tout au long de sa carrière. Elles lui permettront de s’imposer naturellement en servant de modèle auprès des membres, parfois moins expérimentés, de son équipe.
Un meneur d’hommes
Lorsque Noah est nommé pour la première fois capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis en 1991, le résultat est immédiat. Cinquante-neuf ans après la dernière victoire des « Mousquetaires », il réussit à implanter le supplément d’âme nécessaire à Guy Forget et Henri Leconte pour une victoire historique sur la « dream team »américaine de Pete Sampras et André Agassi. Une réussite qui en appellera une autre cinq ans plus tard, en 1996, contre la Suède.
L’ex-numéro trois mondial a la gagne en lui, et pas seulement sur les courts de tennis. La même année, il rejoint le staff du Paris-Saint-Germain en tant que préparateur mental et permettra au club parisien de remporter le seul trophée européen de son palmarès (l’ex-Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe). Puis en 1997, c’est à la tête de l’équipe de France féminine qu’il connaît un nouveau succès en remportant la première Fed Cup de l’histoire des bleues avec Mary Pierce, Sandrine Testud, Nathalie Tauziat et Alexandra Fusai.
À l’image de Didier Deschamps ou de Zinedine Zidane, Yannick Noah sait mettre son expérience au profit des joueurs pour les transcender dans l’adversité. Il démontre également qu’être un bon technicien ne suffit pas pour manager un groupe et que des qualités humaines sont nécessaires pour en assumer le leadership.
Noah a une autorité naturelle qui ne l’oblige pas à ménager ses joueurs
L’important est de gagner, pas de participer
La caractéristique des sportifs de très haut niveau réside dans leur capacité à aller au bout de leurs objectifs, quelles que soient les contraintes humaines ou sportives. Nous pourrions leur appliquer la devise du Baron de Coubertin, mais revue et corrigée de la façon suivante : « L’important est de gagner, pas de participer » !
Yannick Noah joue sa partition de capitaine avec la même rigueur. Et le management du groupe France n’est pas un long fleuve tranquille. À la gestion des problèmes d’ordre tennistique s’ajoute celle des egos. Mais Noah a une autorité naturelle qui ne l’oblige pas à ménager ses joueurs. La mise à l’écart du numéro 1 français Gaël Monfils pour la confrontation de ce week-end en est une parfaite démonstration.
Pour parvenir à atteindre un objectif, il ne faut pas hésiter à prendre les décisions individuelles difficiles qui permettront à votre collectif d’atteindre son but. La fin justifie parfois les moyens…
Le soutien de sa hiérarchie
En novembre dernier, la Fédération français de tennis (FFT) lui a renouvelé sa confiance en lui proposant de prolonger sa mission à la tête de l’équipe de France de Coupe Davis et de Fed Cup pour une année supplémentaire. Ce soutien de la plus haute instance du tennis français lui sera fort utile si des conflits internes avec les joueurs viennent entacher la route vers le titre.
Dans certains contextes professionnels conflictuels, obtenir l’appui et la confiance de sa hiérarchie est essentiel. Il permet d’être soutenu en cas de litige et de trouver rapidement une issue en cas de désaccord avec un collaborateur.
Noah en a d’ailleurs profité pour pointer du doigt cette semaine Gaël Monfils, Caroline Garcia et Océane Dodin pour leur manque d’engagement sous le maillot tricolore. Les joueurs sont prévenus. S’ils veulent de nouveau représenter la France en sélection et se forger un palmarès aux couleurs bleu blanc rouge, ils devront s’investir et s’impliquer. La balle est à présent dans leur camp…
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Cette tribune a été publié initialement sur Le Cercle les Echos et Linkedin Pulse.