Les cryptomonnaies ont le vent en poupe, mais pourront-elles un jour prendre la place de l’argent classique dans nos portefeuilles ? Point de vue.
+13.000%. C’est l’évolution du cours du Bitcoin depuis 7 ans. Une hausse fulgurante pour une cryptomonnaie qui n’en finit plus de battre des records.
Une progression que rien ne semble pouvoir arrêter. Au point de détrôner à moyen-terme la monnaie classique et les autres devises ?
Il est vrai que les cryptomonnaies apparaissent comme séduisantes. Dématérialisées, elles semblent faciliter les transactions et répondre aux nouveaux besoins d’échanges en ligne.
L’un de ses plus célèbres ambassadeurs, Elon Musk, a ainsi annoncé qu’il était dorénavant possible d’acheter un de ses modèles Tesla en Bitcoin.
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Autre atout de ces monnaies virtuelles, leur complexité technique rend difficile, voire impossible, toute contrefaçon et manipulation.
Un argument auquel ne sont pas restés insensibles les banques centrales des principaux pays. En avril 2021, la Chine est ainsi devenue la première grande puissance économique mondiale à dévoiler une cryptomonnaie, le yuan numérique (e-CNY).
La Banque centrale européenne (BCE) ainsi que la Réserve fédérale américaine (FED) réfléchissent également à la création d’un euro numérique et d’un dollar numérique. Un projet stratégique majeur pour ces économies, alors que 88% des échanges internationaux sont actuellement libellés en dollar.
Malgré ces avantages indéniables et l’intérêt de différents Etats pour son développement, il est difficile d’imaginer que ces monnaies virtuelles remplaceront à court-terme l’argent classique. Et ceci pour au moins 3 raisons principales.
La lenteur des transactions en cryptomonnaie
Depuis l’arrivée du web, et plus encore des terminaux mobiles, le nombre des transactions dématérialisées a augmenté de façon exponentielle.
Au 3ème trimestre 2020, L’observatoire CB indique que 3.4 milliards de transactions en Carte Bleue ont eu lieu en France. 1,5 milliards de paiements ont également eu lieu en CB sans-contact sur la même période.
Ce volume de transactions est possible car ces opérations sont extrêmes rapides. Entre le moment où le client règle avec sa carte de paiement sur le terminal d’un commerçant et sa validation par sa banque, il ne s’est écoulé que quelques secondes.
Dans le cadre de cryptomonnaies comme Bitcoin, Ethereum, Tether, Cardano ou Polkadot, leur complexité technique oblige à un délai beaucoup plus long. En moyenne, il faut compter 10 minutes pour une seule opération.
En cause, le principe de validation des transactions. Une opération en Bitcoin nécessite en général 6 confirmations avant d’être traitée. Basé sur la Blockchain, des opérateurs (appelés « mineurs ») vont vérifier et accepter ou non chaque étape de l’opération. Ce qui ralentit considérablement les échanges.
Si chaque opération en carte bancaire utilisait cette technologie, il faudrait donc compter environ 10 minutes pour que le commerçant valide votre paiement. Une attente interminable, qui embouteillerait les caisses dans nos supermarchés, stations-services ou restaurants.
La forte volatilité du cours des monnaies virtuelles
Autre contrainte des cryptomonnaies, leur extrême volatilité.
Ce graphique publié par Statista montre l’évolution du cours du Bitcoin depuis 2017. Une véritable montagne russe, marquée par de fortes variations à la hausse comme à la baisse.
Or, pour faciliter et garantir les échanges, les devises ont besoin de stabilité.
Les monnaies comme le Dollar, l’Euro ou le Yen sont régulées par des banques centrales qui interviennent pour contrôler les mouvement d’inflation ou de déflation. Dans le cas des cryptomonnaies, il n’existe pas d’organismes régulateurs. Leurs cours sont fixés en fonction de l’offre et la demande. Ce qui peut entrainer de forts mouvements de volatilité. A titre d’exemple, le cours du Bitcoin a ainsi progressé de plus de 400 % entre février 2020 et février 2021.
Difficile dans ce cas de fluidifier les échanges. L’économie de marché ne peut fonctionner que sur la base d’opérations effectuées dans des devises ayant des cours relativement stables. Ce qui n’est clairement pas le cas des monnaies virtuelles.
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Pour son fonctionnement, le Bitcoin dépasserait la quantité d’énergie consommée par Google dans le monde.
Le coût environnemental des échanges en crypto-monnaies
La complexité des cryptomonnaies permettent de sécuriser les échanges dans un cadre dématérialisé. Revers de la médaille, ces monnaies virtuelles sont particulièrement énergivores.
Selon Les Echos, l’empreinte carbone du Bitcoin serait équivalent à celle de la Norvège. Pour son fonctionnement, le Bitcoin dépasserait également la quantité d’énergie consommée par Google dans le monde.
Le bitcoin et les autres cryptomonnaies émettent ainsi un volume très important de CO2.
Voici 3 chiffres-clés qui témoignent de l’impact négatif d’une monnaie virtuelle comme le Bitcoin sur l’environnement :
- Chaque transaction en bitcoins génère en moyenne 300 kg de CO2, soit l’équivalent de 750.000 cartes Visa
- Une seule transaction en bitcoin consomme environ 707 KW d’énergie électrique, soit l’équivalent de l’énergie consommée par un foyer américain moyen pendant 24 jours
- Certains experts estiment que la démocratisation du Bitcoin pourrait faire augmenter le climat de 2°C en 3 décennies
En plus des contraintes liées à la relative lenteur des opérations et à leur forte volatilité, la démocratisation des transactions en monnaies virtuelles aurait un impact fortement défavorable sur l’environnement et accélèrerait les contraintes liées à la problématique écologique.
Sommes-nous prêts à en payer le prix ?
Cette tribune a été publiée initialement sur Le Cercle Les Echos.