Les Fintech sont un coup dur pour les établissements financiers, qui voient apparaître une nouvelle concurrence redoutable. Mais si, au contraire, ces nouveaux acteurs étaient une opportunité pour eux ?
1. Les différents types de FINTECH
Le terme « FinTech » vient de la contraction entre « Finance » et « Technologie ». Il regroupe les start-up utilisant les technologies numériques pour proposer des services financiers novateurs.
Il en existe plusieurs types. Pour simplifier, nous pouvons les classer en 5 catégories :
a) Financement participatif (crowfunding)
Le financement participatif (en anglais crowdfunding) permet à des particuliers d’investir dans différents projets. On parle ici de « love money« .
Il en existe plusieurs déclinaisons, dont :
- Le Crowdlending : plateforme de prêts directement entre particuliers. 60 plates-formes ont été lancées en 2 ans en France, selon l’association Financement participatif France. Quelques acteurs : Credit.fr, Prêt d’union…
- Le Crowdequity : aide le financement des startups ou des PME de croissance. Exemples : Anaxago, SmartAngels…
- Le Donation Crowdfunding : plateformes de dons en ligne. Leetchi.com propose notamment ce service.
- Le FanFunding : dernière nouveauté, il permet à des supporters d’aider un club sportif à acheter des joueurs. Un exemple avec l’AC Ajaccio en football.
b) Paiement (mobile et à distance)
Le paiement sur internet ou via smartphone s’est largement démocratisé depuis la dernière décennie. Parmi les leaders historiques, citons Paypal, qui permet de réaliser des paiements et transferts d’argents sans fournir ses coordonnées bancaires. Parmi les jeunes pousses, la start-up toulousaine Payname propose également des solutions de paiement en ligne innovantes.
c) Gestion d’actifs ou de trésorerie
- Certaines start-up de gestion proposent des conseils et des stratégies de placements adaptés, promettant des rendement plus attractifs que les livrets classiques. Exemple : Advize.
- D’autres Fintech permettent d’avoir l’accès à l’ensemble de ses comptes bancaires sur une même plate-forme. Exemple : Bankin.
- Certaines, comme Aston i Trade, ont développé des solutions pour réduire les délais de paiement en automatisant les relances des clients qui n’ont pas réglé leurs factures.
d) Monnaie virtuelle
De nouveaux systèmes d’échanges monétaires sont apparus. Si le Bitcoin reste le plus connu, citons également ceux qui ont émergé autour des réseaux sociaux (Facebook Credits…).
e) Dernières en date, les Insurtech
Marché très rémunérateur, le secteur des assurances n’était pas à l’abri des assauts portés par ces nouveaux trublions. Si la réglementation et les barrières à l’entrée restent contraignantes, il y a néanmoins fort à parier que ce modèle évoluera rapidement.
Les Fintech sont une menace réelle pour les acteurs classiques. Habituées à se mesurer entre elles sur des produits similaires, les banques doivent aujourd’hui faire face à de nouveaux acteurs évoluant rapidement, et proposant une offre novatrice adaptée aux nouvelles attentes des consommateurs.
“D’ici à 10 ans, et à l’échelle mondiale, seulement une centaine d’acteurs bancaires résisteront à cette déferlante numérique”.
Francisco González, PDG de BBVA
2. La France et les Fintech
Qu’en est-il du tableau des Fintech en France ? Notre pays n’est pas en retard dans ce secteur, avec de nombreuses start-up très dynamiques. Le magazine « L’usine digitale » a notamment présenté une liste des 50 pépites françaises de la Fintech.
Les raisons de cet avantage s’expliquent simplement selon Alain Clot, président de France Fintech (association qui regroupe des Fintech francaises) :
« Nos écoles sont réputées pour être les meilleures du monde en Mathématiques et en Finance. Mélangez les deux et vous obtenez de parfaits candidats pour créer des Fintech. ». Lire l’interview complète.
“Si tu ne peux pas copier une start-up de la Fintech,
rachète-la !”
Il est indéniable que les banques françaises ont été bousculées par ces start-up. Afin de rattraper leur retard, elles se sont lancés dans une vague d’acquisitions. Notons le rachat de Leetchi par le Crédit Mutuel Arkéa, ou encore l’acquisition de la startup LePotCommun.fr par S-money, filiale du Groupe BPCE.
D’autres rapprochements importants auront lieu sans aucun doute dans les prochaines années. A suivre !
3. Les Fintech : une opportunité pour les banques
Les Fintech ont un atout de taille par rapport aux banques : elles se concentrent sur l’expérience client, et non sur l’acte d’achat. Le modèle traditionnelle de la banque devient dépassé, et ne répond plus aux attentes d’un consomm’acteur nomade et hyper-connecté.
Et pourtant, les Fintech sont une chance pour les banques. En les bousculant, cette nouvelle concurrence permet aux établissements financiers traditionnels de :
-
Se moderniser :
A l’ère du digital, le modèle agence ne répondait plus entièrement aux besoins des consommateurs. En attaquant les banques sur leur propre terrain, les Fintech vont les contraindre à se moderniser dans des délais très courts. Ce qui aurait pris 10 ans va devoir être fait en moins de 5 années. Être bousculé va obliger les banques à investir massivement en technologies digitales.
“Le cash disponible chez les Gafa équivaut à 80% du total des capitalisations boursières des banques tricolores”.
Alain Clot, Pdt de France Fintech
-
Investir massivement en R&D
En plus des Fintech, les établissements financiers sont également challengés par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Et les moyens financiers de ces quatre mastodontes sont considérables. Les banques vont donc être également obligées d’investir fortement en R&D pour rester dans la course.
-
Booster leur créativité
Plus de concurrence = plus de créativité. C’est une équation simple, mais nous avons tous besoin de nous remettre en question et de sortir de notre zone de confort pour nous dépasser, voire de nous surpasser.
Les banques auront besoin de réussir cette étape, pour espérer rester en vie dans ce nouvel environnement hostile où leur pérennité est en jeu. Et si elle manque de ressources en interne, le salut passera par des opérations de croissance externe. En effet, ces établissements ont les moyens de racheter d’autres sociétés si elles ne parviennent pas à créer elles-mêmes les idées de demain.
Les Fintech contraignent les acteurs historiques du secteur bancaire et financier à réaliser rapidement leur mue digitale. Leur maintien dans la course passera notamment par la mise en place de nouveaux canaux d’acquisition, l’amélioration de la relation client, l’optimisation de la gestion du risque par le biais du Big Data, ou encore la mise en place de nouveaux services innovants.
Au final, les Fintechs pourraient bien booster les banques et les aider à s’adapter plus rapidement aux nouveaux modes de consommation. L’avenir le dira !
Cet article est extrait du livre blanc « L’évolution du Modèle Bancaire à l’ère du Digital » téléchargeable gratuitement sur ce blog.