Stress, burn-out, dépression… Les salariés français n’ont jamais autant souffert au travail. Et si le jardinage nous inspirait de meilleures pratiques de management ?
Le « bon sens paysan » n’a plus la côte. Nos sociétés urbanisées ont éloigné progressivement l’homme d’un contact intime avec la nature, ne lui laissant que quelques espaces verts pour lui rappeler le paradis perdu.
Aujourd’hui, plus de 75 % de la population française habitent en ville. C’était 50 % en 1945. Nos grand-parents vivaient au rythme du soleil et des saisons. L’homme du 21e siècle vit au rythme des transports en commun et des chaines d’informations.
Étant moi-même fils d’agriculteurs, je reste convaincu que la nature a de belles leçons à nous donner. Je vous propose trois citations sur la thématique du jardinage qui mettent en lumière certaines erreurs de management.
« Quand on plante une graine, on ne la déterre pas chaque semaine pour voir comment elle pousse. » William Coyne
Le manager qui contrôle trop
Beaucoup de leaders pensent que le contrôle permanent est une condition essentielle dans la réussite d’un projet ou d’une équipe. Une méthode de management qui témoigne surtout d’un manque de confiance envers les collaborateurs.
Selon une étude Malakoff Médéric parue en avril 2017, 55 % des salariés disent avoir « le sentiment d’être ou de pouvoir être contrôlé à tout moment ». Exercer une pression continue sur ses équipes s’avère au final improductif. Acculés, les employés sont moins créatifs, moins efficaces et prennent moins d’initiatives par peur de se tromper.
Le président américain Theodore Roosevelt disait : » Le meilleur manager est celui qui sait trouver les talents pour faire les choses, et qui sait aussi réfréner son envie de s’en mêler pendant qu’ils les font. »
Confier une tâche à un collaborateur sous-entend de lui accorder la part de confiance nécessaire pour la mener à bon terme. Quand la graine est plantée, nul besoin de la déterrer régulièrement pour surveiller si elle pousse.
« Chaque matin, il allait tirer ses plantes par les feuilles afin de hâter leur croissance ». Jules Verne
Le manager qui en demande trop
Cette citation est extraite du roman « Voyage au centre de la Terre » de Jules Verne. Dans cet ouvrage, le professeur Lidenbrock est présenté comme un savant émérite, mais un peu fou. Son approche du jardinage témoigne de ce comportement quelque peu original. On imagine mal en effet un jardinier tirer sur les feuilles de ses plantes pour les faire grandir.
Appliquée au management, cette image nous montre qu’il faut savoir accepter le rythme d’apprentissage de chaque collaborateur. Si vous êtes de nature impatiente, apprenez à tempérer. Vos équipes n’ont pas forcément votre connaissance, votre expérience ou votre expertise. Alors, accordez-leur le temps nécessaire pour parvenir à maturité.
On dit également que les plantes ont besoin d’un cadre paisible pour bien grandir. Les actifs ne sont pas en reste. Selon l’enquête Malakoff Médéric citée précédemment, 67 % des salariés considèrent leur travail comme fatigant nerveusement. Alors, sachez créer un climat propice autour de vos équipes.
Évitez par exemple certains termes qui peuvent être anxiogènes. Préférez les mots « priorité » à « urgence » ou encore « adrénaline » à « stress ». Vos plantes vous en seront reconnaissantes 😉
« En Virginie, on plante des graines, on crée… Vous, vous vous contentez de déplacer de l’argent ! » Thomas Jefferson, Président américain
Le manager qui étouffe la créativité
Avant de devenir le troisième président des États-Unis, Thomas Jefferson était propriétaire d’une plantation en Virginie. Il s’est souvent opposé à Alexander Hamilton (premier secrétaire du trésor américain). Alors que celui-ci plaidait pour un état fédéral fort et des finances décentralisées, Jefferson défendait le travail agricole et reprochait à son homologue de ne s’intéresser à l’entreprise que pour son aspect financier : « En Virginie, on plante des graines, on crée… Vous, vous vous contentez de déplacer de l’argent ! »
Créer est essentiel. C’est un vecteur-clé de bien-être au travail et d’épanouissement. Là encore, faites confiance à vos collaborateurs. Impliquez-les dans des projets en faisant appel à leur créativité. Les études le confirment : un collaborateur heureux est 31% plus productif et 55% plus créatif.
L’approche que nous avons de notre travail est également facteur de motivation. Dans le cas d’une entreprise, nous pouvons considérer que notre activité consiste à gagner de l’argent, ou bien à rendre service à nos clients. De grandes sociétés comme Apple ou Hermès ont choisi cette orientation Client et Service. La finalité est la même (ces entités ne sont pas des organisations philanthropiques), mais la philosophie est différente.
Je me souviens de ce manager qui gérait une équipe d’ouvriers chargés de la maintenance électrique d’une grande ville. Il leur rappelait chaque matin que, grâce à eux, plusieurs millions de personnes avaient accès à l’électricité pour travailler, étudier, soigner des vies, etc. Une approche différente, mais qui donnait de la valeur à leur travail et du sens à leur activité.
Comme les animaux dans la fable des abeilles , l’exemple des plantes peut servir d’allégories pour illustrer le monde de l’entreprise, avertir sur certains modes de management et contribuer à un meilleur bien-être au travail. Le bon sens paysan a encore de beaux jours devant lui.
Cet article est paru initialement sur LE CERCLE LES ECHOS